Home
Ursula Meier
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Critique

Home sweet home ?

Home est un film atypique. Une proposition de cinéma inclassable qui dès les premières minutes séduit, intrigue et excite notre curiosité. Une maison située à une petite dizaine de mètres d’une bretelle d’autoroute flambant neuve mais où ne circule aucun véhicule motorisé, sert de décor dispositif à ce récit. Un lieu quasi absurde et métaphorique pour l’histoire d’une famille vivant à l’écart de tout et en vase clos, à quelques enjambées pourtant d’un asphalte filant vers l’horizon, symbole de toutes les partances et promesse de toutes les évasions. Un point de départ étrange et incongru, depuis lequel toutes les fictions semblent pouvoir s’écrire. Et c’est le pari que relève le nouveau film d’Ursula Meier, tour à tour visible comme un drame familial, une comédie burlesque et même, selon les interprétations les plus poussées, comme un film d’horreur. Une œuvre protéiforme se réinventant à chaque plan et inventoriant sans cesse de nouveaux territoires. Sans perdre pour autant en chemin de son originalité narrative ni de sa cohérence formelle. Un parcours en apparence accidenté et aléatoire, mais d’une redoutable maîtrise, jouant sans cesse sur plusieurs niveaux de lecture et divers degrés d’analyse. Où la réalisatrice se mesure à une ambition trop souvent négligée par les cinéastes contemporains : celle de surprendre. Depuis quelques années, le cinéma semblait avoir perdu le goût de l’insolite et du bizarre. L’un comme l’autre retrouvent ici toute leur saveur acidulée.

Xavier Leherpeur