Rumba
Dominique Abel, Fiona Gordon & Bruno Romy
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Critique

FAUT QUE ÇA DANSE !

Deuxième long métrage du trio belge Abel-Gordon-Romy (auteurs de Iceberg), Rumba est une bulle exotique à part, hors modes et hors du temps, pleine de vie, de poésie et de trouvailles formelles. Cet objet cinématographique atypique nous propose modestement de regarder le monde autrement pour en retenir un concentré frais et audacieux de formes, de sons et de mouvements. On suit ainsi le « détricotage » d’un lien amoureux à travers un enchaînement de scènes frontales, souvent muettes, composées de lignes et de sons minimalistes très expressifs. Circule dans cet univers géométrique très coloré et méticuleusement chorégraphié un délicieux vent burlesque, faussement calme, faussement léger aussi. En effet, au cœur de Rumba, il y a une tragédie : la détérioration du quotidien bien accordé d’un couple d’enseignants suite à un accident de voiture. Entre alors en jeu toute la profondeur du burlesque mais aussi de la danse, c’est-à-dire l’art de rebondir, de retourner  les obstacles, les handicaps, en matière comique et sentimentale, et de composer joyeusement avec pour continuer à avancer. Si quelques références, telles que Tati ou Kaurismäki, viennent à l’esprit, jamais elles n’écrasent le film qui mène une danse bien à lui, porté par une malice toute enfantine et un sens du rythme lent et posé qui permet de nous faire pleinement savourer les drôles et attachants démêlés de ces personnages pourtant abîmés avec le cadre, avec la vie. 

Amélie Dubois