CHINE
2011 / PREMIÈRE MONDIALE
1h35 / VO Chinois

Synopsis
Canton, vitrine de l’ouverture et des réformes: aux thermes Sauna on Moon, les affaires sont au point mort. Avec ses employées, M. Wu, le gérant, poursuit son rêve de bâtir un « royaume du plaisir » avec philosophie, effort et optimisme. Suite à un très particulier "défilé de mode", M. Wu pleure de joie en voyant enfin le succès récompenser ses efforts. Entretemps, certaines de ses employées démissionneront, d’autres seront arrêtées, d’autres encore resteront à ses côtés pour de meilleurs lendemains…

réalisateur : Zou Peng
scénario : Zou Peng
image : Yu Lik-wai
son : Zhang Yang
montage : Wenders Li
musique : Wang Lei

interprètes :
Wu Yuchi
Yang Xiaomin
Lei Ting
Zhan Yi

production
E.F.G
Tel. +86 158 108 03831
saunaonmoon@gmail.com

presse
Les piquantes
Tel. +33 1 42 00 38 86
Alexandra Faussier
Mob. +33 6 14 61 48 41
Florence Alexandre
Mob. +33 6 31 87 17 54

La Cité des femmes

Dans Casino, Scorsese voit en Las Vegas une métaphore des Etats-Unis. Zou Peng regarde la Chine de la même façon lorsqu’il installe sa caméra dans un sauna aux allures d’Eros center, avec son essaim de call-girls. Dans le sillage de Zegen, le seigneur des bordels (Imamura, 1987), le pays, vu à travers ce prisme, ressemble à un lupanar géant, au luxe ostensible, sans parvenir toutefois à dissimuler derrière cette façade trompeuse une réalité plus sordide, souvent cruelle, restituée ici avec tendresse et humanité.
Formé à l’académie du cinéma de Pékin, Zou Peng a réalisé Dongbei Dongbei (A North Chinese Girl), découvert à Berlin en 2009 puis récompensé au festival de Hong Kong (prix Fipresci). Tourné dans sa ville natale de Harbin, il suit une jeune femme qui travaille dans une boutique de vêtements et accompagne la nuit son patron dans des boîtes de nuit. Autour de la figure bienveillante de monsieur Wu, maître de ballet, responsable de la formation des filles, Sauna on Moon démultiplie les destins féminins. Zou Peng place sa caméra à l’intersection du dedans (les coulisses de ce monde, la vie des filles, leurs aspirations) et du dehors, avec la ronde des spectacles, la valse de l’exhibition. Cette parade lumineuse, superbement chorégraphiée (la photo est signée Yu Lik-wai, fidèle collaborateur et cadreur de Jia Zhangke, et réalisateur en 1999 de Love Will Tear Us Apart), ne vaut que par ce qui lui préexiste : l’envers du décor, l’aspiration à tenir un rôle sur la nouvelle scène du monde où chacun aspire à briller, sous le regard impassible d’une ville venue d’un autre temps, témoin de ces métamorphoses.
Dans ce tourbillon de la vie transformé en spectacle (paraître pour être, mirage de la vie et de sa réussite), Sauna on Moon oscille entre un Ophüls renoirien, à la lubricité triviale et joviale, et un curieux métissage entre Wong Kar-wai, pour le ballet des femmes, et le Jia Zhangke de The World.

Charles Tesson