Il y avait la Chambre verte de Truffaut, hymne mortuaire inspiré de Henry James. Il faudra désormais compter avec cette Chambre bleue, dont l’abstraction sensorielle et la force plastique restent longtemps en mémoire. Odyssée intérieure aux portes de la mort, à la croisée des effondrements lynchiens et des visons goyesques, le film de Tomasz Siwiński révèle les puissances exclusives du cinéma d’animation. Et nous laisse éventrés par sa beauté malade. On pourrait y voir, entre les images, sous son classicisme tourmenté, les méditations funèbres d’un Kieslowski. On y verra surtout un grand film.
Par Fabien Gaffez