Seul le cinéma de genre peut figurer et défigurer l’horreur du réel. Ce sont les codes du slasher que convoque Gerardo Herrero, pour nous plonger dans une tuerie à la Columbine. En 15 minutes, Safari déploie un grand talent : cadres précis, fausses pistes narratives, horreur graphique, suspense claustrophobique, art wellesien du faussaire (tourné à Madrid, on jurerait le film délocalisé aux États-Unis). Plutôt que de livrer un libelle social, il détourne la pusillanimité des belles âmes en regardant le mal en face, et met en jeu la fascination inquiète du cinéma. Comme si Wes Craven avait tourné Elephant.
Par Fabien Gaffez