Semaine de la critique
Francais   English  
sic
sic

 
COMPETITION
camera
Bi, dung so!
Bi, Don’t Be Afraid !
Phan Dang Di

 
  • FILM
  • DIRECTOR
  • CONTACT
  • PORTRAIT
  • NEWS

VIETNAM – FRANCE - GERMANY
2010 / WORLD PREMIERE

1h30 / IN VIETNAMESE

Synopsis
In an old house in Hanoi, Bi, a 6-year-old child lives with his parents, his aunt and their cook. His favorite playgrounds are an ice factory and the wild grass along the river. After being absent for years, his grandfather, seriously ill, reappears and settles at their house. While Bi gets closer to his grandfather, his father tries to avoid any contact with his family. Every night, he gets drunk et goes and see his masseuse, for whom he feels a quiet strong desire. Bi’s mother turns a blind eye on it. The aunt, still single, meets a 16-year-old young boy in the bus. Her attraction to him moves her deeply.


director:
Phan Dang Di
screenplay: Phan Dang Di
cinematography: Minh Quang Pham
sound: Franck Desmoulins, Roman Dymny
editing: Julie Beziau
production design: Bui Minh Tuan, La Quy Tung, Nghiem Quoc Cuong
music: Vu Nhat Tan

cast:
Phan Thanh Minh
Nguyen Thi Kieu Trinh
Nguyen Ha Phong
Hoa Thuy
Tran Tien
Mai Chau

Biography
Phan Dang Di

Vietnamese nationality. Born on August 5, 1976 in Hanoi (Vietnam).
Bi, dung so! is his first film.

Filmography
2010   BI, DUNG SO!

production
ACROBATES FILMS
Claire Lajoumard
Tel. +33 1 43 15 89 99
acrobatesfilms@acrobatesfilms.fr
www.acrobatesfilms.fr

coproduction
ARTE FRANCE CINEMA
SUDEST-DONGNAM
VIETNAM MEDIA CORP. & VIETNAM STUDIO
VBLOCK MEDIA JOINT STOCK COMPANY
TR9 FILM

sales
ACROBATES FILMS
Pascale Ramonda
Mob. +33 6 62 01 32 4
pramonda@gmail.com
Claire Lajoumard
Mob. +33 6 10 32 86 07
acrobatesfilms@acrobatesfilms.fr

press
Isabelle Buron
Tel. +33 1 40 44 02 33
Mob. +33 6 12 62 49 23
isabelle.buron@wanadoo.fr
www.isabelleburon.com

contact Cannes
ACROBATES FILMS
Pascale Ramonda
Mob. +33 6 62 01 32 41
pramonda@gmail.com
Claire Lajoumard
Mob. +33 6 10 32 86 07
acrobatesfilms@acrobatesfilms.fr

Portrait

Bi, Dung So ! par Fabien Gaffez
Tout commence en 1993. Il faut imaginer un jeune Vietnamien devant sa télévision. Il faut se souvenir de Tran Anh Hung. De l’Odeur de la papaye verte remportant la Caméra d’or. Une nuit d’été, il y a presque 17 ans, chez moi, les yeux rivés au petit écran noir et blanc, je suivais la cérémonie de clôture du Festival de Cannes. L’image d’un jeune Vietnamien recevant la Caméra d’or a déclenché une très vive émotion chez le jeune homme que j’étais. J’ai décidé sur le coup d’opter pour le cinéma alors que je m’apprêtais à devenir écrivain. Après un long parcours, Phan Dang Di se retrouve en 2008 à l’Atelier de la Cinéfondation avec le projet de BI, DUNG SO ! Une expérience qui, malgré les difficultés qui l’accompagnent, lui permet de mener à bien la réalisation de son premier long métrage, aboutissement d’un parcours de 17 ans qui a commencé par un rêve.
Phan Dang Di opte pour une narration « sensualiste », esquissant un scénario avec peu de dialogues : tourner le film ne consistait plus à raconter une histoire avec une structure narrative habituelle, mais à créer des sensations liées à chaque scène. Le réalisateur compose une image sensuelle, où les corps se dénudent à mesure que les paysages s’embrasent. Il a cherché cette sensualité chez les acteurs dès le casting, et a choisi de tourner pendant une période torride, décrivant l’érotisme naturel des climats tropicaux. Si les hommes y apparaissent faibles, BI, DUNG SO ! s’affirme comme une célébration, aussi bien érotique que politique, des femmes : dans une société comme celle du Vietnam qui a connu tant de bouleversements, si les choses finissent par s’arranger, c’est grâce à la persévérance des femmes.

 

Entretien avec Phan Dang Di, réalisateur de Bi, don’t be afraid

1)Quel a été votre parcours jusqu’à la réalisation de ce premier film ?
J’ai commencé à « poursuivre » le cinéma à l’âge de 18 ans, avec l’admission à l’Ecole de cinéma de Ha Noi. Depuis, je passe mon temps à écrire des scénarios, à regarder les films, à étudier l’histoire du cinéma et à boire de la bière.
A part cela, j’ai commencé il y a 4 ans à donner des cours d’histoire du cinéma et des cours d’écriture de scénario à l’Université nationale de Ha Noi.
En 2005, j’ai commencé à faire des courts-métrages.
Et maintenant, un long-métrage.

2) Bi don’t be afraid était à l’Atelier de la Cinéfondation en 2008. Quelles sont les difficultés que rencontre un cinéaste vietnamien indépendant dans le contexte du cinéma mondial ?
Présenter soi-même un projet de film dans les festivals internationaux n’est pas dans les habitudes des cinéastes vietnamiens. J’ai donc été un peu mal à l’aise au début. Mais finalement l’expérience n’a pas présenté de difficultés particulières. Le problème est ailleurs : les investisseurs étrangers connaissent très peu le Vietnam, certains ignorent même quelle langue nous parlons. Heureusement pour moi, ceux qui avaient pris mon scénario à l’Atelier en 2008 m’ont tous répondu par la suite, et certains sont allés plus loin : ils se sont investis dans le projet.

3) L’un des derniers grands prix cannois obtenus par un cinéaste d’origine vietnamienne, c’était la Caméra d’Or pour L’Odeur de la papaye verte de Tran Anh Hung. Vous allez concourir pour le même prix : que représente-t-il à vos yeux ?
Une nuit d’été, il y a presque 17 ans, chez moi, les yeux rivés au petit écran noir et blanc, je suivais la cérémonie de clôture du Festival de Cannes. L’image d’un jeune vietnamien recevant la Caméra d’Or a déclenché une très vive émotion chez le jeune homme que j’étais. J’ai décidé sur le coup d’opter pour le cinéma alors que je m’apprêtais à devenir écrivain….
Je n’ai rencontré Tran Anh Hung que 10 ans plus tard, à Hà Noi. Après avoir lu un de mes scénarios, il m’a demandé pourquoi je n’avais pas encore réalisé de films.
J’ai commencé à le faire deux ans plus tard, en 2005.
Me voici avec mon premier long métrage, point d’arrivée d’un parcours de 17 ans qui a commencé par un rêve. C’est pour moi quelque chose d’à la fois surprenant et plein de sens.

4) Bien que très écrit, le récit de Bi n’aie pas peur se construit d’abord par la mise en scène. Comment la concevez-vous ? Quelle est l’étape du processus de création la plus importante à vos yeux (écriture, tournage, montage…) ?
Contrairement aux scénarios précédents, tous complets et détaillés, le scénario de Bi, dung so ! se présente comme une esquisse de 50 pages, avec très peu de dialogues. Je me suis efforcé d’éviter tous les éléments dramatiques. Je n’ai pas voulu mettre mes personnages dans des épreuves qu’ils doivent surmonter, ni expliquer leur cheminement psychologique. Je ne me suis pas beaucoup occupé de l’ordre chronologique… Ce que j’ai voulu créer, ce sont des sensations réalistes mais difficiles à expliquer, des rapports humains mêlés à des histoires qui arrivent aux uns et aux autres. Ayant choisi cette option, tourner le film ne consistait plus à raconter une histoire avec une structure narrative habituelle, mais à créer des sensations liées à chaque scène et à anticiper les raccords de montage. Dans ce film, le montage a été très important et a exigé beaucoup de temps. Le scénario m’a pris un mois, le tournage près de deux mois alors que le montage a duré 4 mois, et c’est insuffisant…

5) Quelle est la principale qualité qu’un metteur en scène doit avoir pour parvenir à ses fins ?
Une volonté de fer dans le travail et une grande sagesse dans l’action. Mais ce sont seulement des conditions grâce auxquelles il doit atteindre son objectif quelles qu’en soient les circonstances, dans le style qui lui est propre.

6) Votre film sépare personnages masculins et personnages féminins. D’un côté, des hommes faibles (l’autorité malade du grand-père, l’alcoolisme du père, la jeunesse du garçon) de l’autre des femmes qui tentent de s’émanciper du désir masculin. Pensez-vous que l’on puisse mieux comprendre la situation d’une société en y observant la condition des femmes ?
Cela va de soi, ne serait-ce que parce qu’elles représentent la moitié du monde, qui plus est, la moitié la plus forte. J’ai compris cela à partir de ce que j’ai vu chez les femmes vietnamiennes. Les femmes sont fortes, non pas parce qu’elles sont indépendantes des hommes ou qu’elles détiennent le pouvoir. Elles sont fortes parce qu’elles croient à quelque chose de simple, parce qu’elles prennent la vie au sérieux. La patience qu’elles déploient face aux hommes, infidèles pour la plupart, qui manquent de confiance en eux-mêmes et qui sont toujours prêts à courir après des plaisirs éphémères prouve qu’elles sont moralement plus fortes qu’eux… Dans une société comme celle du Vietnam qui a connu tant de bouleversements (les guerres, les catastrophes naturelles, la succession vertigineuse de credo et de dogmes tous inventés et rejetés ensuite par les hommes…) si les choses finissent par s’arranger, c’est grâce à la persévérance des femmes, aux sacrifices qu’elles ont consentis. C’est ainsi qu’elles ont appris à accepter la vie, qui est rarement facile, à accepter les hommes, souvent très faibles.

7) Votre style est très sensuel. Comment travaillez-vous avec vos acteurs ou avec vos différents collaborateurs pour composer ce style "tactile" ?
J’ai cherché cette sensualité chez les acteurs dès le casting. Pendant le tournage, il a fallu beaucoup de temps pour qu’elle réapparaisse chez les acteurs. Il y a une autre raison : nous avons choisi de tourner pendant une période torride, tout le monde (et pas seulement les acteurs) était immergé par la chaleur, il faisait 35°C. La sueur qui colle à la peau, qui trempe les vêtements est bien réelle. Ceux qui vivent dans les pays tropicaux connaissent cette sensation naturellement érotique. Une autre raison, et pas la moindre, c’est que j’ai un cameraman d’une grande sensibilité. Chacune de ses images est tout naturellement d’une grande sensualité.

8) Comment interpréter le motif de la glace qui circule dans tout le film et à travers tous les personnages ?
De toute évidence, la glace épanche la soif, rafraîchit la bière, apaise la pulsion sexuelle chez la tante, adoucit la douleur qui torture le grand père… La glace garde la fraîcheur des feuilles pour Bi. Elle vous pique, elle vous gèle, mais elle fond aussi rapidement, comme toutes les choses de la vie, qui paraissent puis disparaissent…

9) De l’enfance à la mort en passant par le désir sexuel, votre film est un condensé de l’existence humaine. Aviez-vous en tête cette structure de récit initiatique qui passe d’abord par le langage des corps ?
Les trois personnes du sexe masculin dans le film (Bi, son père, son grand père) sont en réalité les trois âges d’un seul et même homme. Ce qui leur est commun, c’est qu’ils ont besoin des femmes, ils ont besoin qu’elles s’occupent d’eux, qu’elles les protègent, qu’elles les aiment, qu’elles les épuisent. Mais comprennent-ils les femmes ?
Deux autres points communs les relient : ils ont besoin de posséder et ils ont chacun quelque chose à cacher : une pastèque dans le cas de Bi, une maîtresse dans le cas du père, un passé scellé depuis des années dans le cas du grand père.
Ainsi, pour les hommes, la naissance, l’âge d’adulte et la mort… tout cela n’est-il pas une succession de questions de plus en plus difficiles, questions dont ils n’ont probablement pas la réponse ?

10) Quel est votre regard sur le cinéma vietnamien et comment vous inscrivez-vous dans son histoire ?
Le cinéma vietnamien n’est pas dépourvu de bons films, mais ce sont des films isolés, pour ainsi dire des fulgurances survenues au bon moment pour tel ou tel cinéaste. On ne trouve pas de réalisateur qui ait produit un ensemble de films de valeur, unis par un style personnel, exprimant une conception personnelle de la condition humaine.
Je suis un débutant. Ce qui explique que je ne me soucie pas beaucoup de la place que j’occupe dans cette histoire. Disons que pour le moment, je me tiens à part, dans mon coin.

11) Que représente pour vous une sélection à la Semaine de la Critique ?
Le plus important pour moi : le sentiment d’être compris.

AWARDS
Grand Prix du Jury - Festival Premiers Plans d'Angers - 2011

FESTIVALS
Pusan International Film Festival – 2010

Semaine de la Critique - Syndicat Français de la Critique © 2017
Tumbler Youtube Twitter Facebook