Accueil > Archives

 

Michael Henry Wilson (1946-2014)

Paris, le 30 juin 2014

Positif vient de perdre l'un de ses meilleurs spécialistes du cinéma américain. Ébloui par Citizen Kane et Hiroshima mon amour, puis formé par Henri Agel, Michael Henry Wilson s'est très vite passionné pour le cinéma hollywoodien auquel il vient de consacrer un ouvrage remarquable, À la porte du paradis : cent ans de cinéma américain, cinquante-huit cinéastes. Un livre qui s'inscrit en parfaite cohérence avec ceux qu'il a écrits, depuis 1971, sur Frank Borzage, Raoul Walsh, Jacques Tourneur... et plus particulièrement ses ouvrages d'entretiens avec deux des maîtres du cinéma post-hollywoodien, Martin Scorsese et Clint Eastwood. Sa perception de l' « Usine à rêves » a toujours été d'une pertinence impressionnante. Doté d'un grand sens analytique, il savait, très tôt, percevoir l'univers à venir d'un cinéaste, comme le prouve sa critique de Boxcar Bertha dans laquelle (Positif, n°155, janvier 1974, p.51) dans laquelle il révèle la thématique future de l'auteur de La Dernière Tentation du Christ. Un don qui lui permit aussi d'être un brillant intervieweur, sachant sortir des sentiers battus de la discipline et poser des questions très pertinentes sur des points précis souvent négligés par ses confrères. En outre, Michael Henry Wilson est l'auteur (scénariste, producteur et réalisateur) d'une dizaine de documentaires, régulièrement récompensés dans les festivals, qui font écho à certaines de ses publications, comme Clint Eastwood, le franc-tireur ou Un voyage avec Martin Scorsese à travers le cinéma américain. Mais l'angle pouvait cependant s'élargir, comme dans son monumental When the Lion Roars : the MGM Story en trois parties. Humaniste, il s'est aussi engagé dans un long-métrage sur le parcours de Nelson Mandela qui a fait l'unanimité, Reconciliation : Mandelas' Miracle (2010). Pour ceux qui l'ont connu, Michael retenait l'attention par son sens de l'écoute, sa manière toujours courtoise d'exprimer ses opinions, son goût pour l'humour et surtout son souci de communiquer sa passion, cela sans emphase, en parfaite unisson avec sa voix feutrée. Sa disparition nous touche profondément.

Michel Cieutat

Syndicat Français de la Critique © 2018